Seeds of Diversity
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Les semences des Premières Nations

Alexandra Post

Les légumes du patrimoine reflètent tout à fait l’idée que nous en avons: Une histoire et une culture riche, tant sous la forme de nourriture que de récits ou de pratiques ancestrales. Ce sont des variétés uniques qui ont passé l’épreuve du temps, bien souvent grâce à leur rusticité, leur adaptabilité, leur goût et la qualité impeccable de leur entreposage.

Préserver les semences à pollinisation libre, c’est aussi sélectionner et transmettre les caractéristiques les plus désirables d’une génération à une autre dans le but de combler les préférences alimentaires et de permettre une adaptation de la variété au climat de la région où elle est cultivée. C’est par cette pratique, utilisée depuis des centaines d’années par les conservateurs de semences dans le monde, que nous pouvons encore apprécier aujourd’hui certains aliments tels que les connaissaient nos arrières-arrières-grands-parents.

En Amérique du Nord, nous devons plusieurs de nos anciennes variétés aux peuples autochtones qui les ont cultivées et sélectionnées non seulement pour leur goût, mais aussi pour leur importance culturelle et historique. Ainsi, de nombreuses communautés pourtant nomades, plantaient des graines années après années durant la courte saison chaude. On peut penser par exemple au peuple Anishinaabe du Nord, qui vivait principalement de chasse et de cueillette et à certains groupes vivant plus au sud et qui pratiquaient eux aussi l’agriculture de subsistance.

Le peule Anishinaabe plantait souvent le maïs et les haricots ensembles. Ils racontent d’ailleurs cette belle histoire pour illustrer l’origine de cette pratique : « Le Maïs était une belle plante qui se sentait bien seule. La courge lui a alors offert d’être sa compagne, mais le maïs a refusé, prétextant qu’ils ne pouvaient pousser ensemble puisqu’elle s’étendait sur le sol alors que lui poussait haut et droit vers le ciel. En entendant cette réponse, le haricot décida de pousser lui aussi vers le haut, juste à côté du maïs. Ils ont alors développé un lien étroit qui dure encore aujourd’hui ».La relation entre les haricots et le maïs va pourtant bien au-delà de cette légende romantique, car le duo inséparable s’entraide mutuellement à pousser. Le maïs sert de treillis pour les haricots, et ces derniers fixent l’azote dans le sol et augmentent sa fertilité.

Les Ashininaabe n’étaient pas les seuls à connaitre les avantages de jumeler des plantations. Les iroquois, reconnus pour leurs techniques agricoles avancées et leurs connaissances de l’irrigation et de la rotation des cultures, plantaient eux aussi les « trois sœurs » -maïs, haricot et courge -, ensemble. Cette dernière faisait office de paillis et réduisait la perte d’humidité tout en contrôlant les mauvaises herbes.

En travaillant de concert avec les gens proches des communautés autochtones, Semences du Patrimoine contribue à préserver une partie des graines qui proviennent des premiers agriculteurs. Par exemple, les conservateurs de semences du Nord de l’Ontario font pousser, entre autres variétés anciennes, des haricots Odawa, des citrouilles algonquines et du maïs de Gaspé.

Le haricot Odawa a été nommé d’après la communauté du même nom qui était reconnue pour ses échanges, et se traduit littéralement par « commerçant ».  Cette variété a d’ailleurs été cultivée par des tribus voisines des Odawa, comme les Ojibwe et les Hidatsa. Ses plants semi-grimpants produisent de grosses gousses qui sont excellentes dans les soupes. Ces haricots étaient vraisemblablement cuisinés avec du maïs et de la viande pour fournir des repas nutritifs. Pour sa part, le maïs de Gaspé provient des tribus micmacs qui vivaient au Nord-Est du canada. Sa croissance rapide en faisait un choix idéal pour les climats nordiques. Quant à elle, la citrouille algonquine était réputée pour son goût sucré et l’excellente conservation de ses graines.

Bien que notre Banque de semences soit un outil très utile pour la conservation de graines comme celles dont il est question ici, elle ne saurait prétendre à se substituer à la préservation active qui est réalisée dans les communautés. Nous sommes honorés d’être les gardiens des semences rares qui nous sont confiées, mais elles appartiennent en premier lieu aux agriculteurs des Premières Nations, et nous sommes privilégiés qu’ils les aient préservées afin que nous puissions en profiter aujourd’hui.

 

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